Cette question à été débattue lors de l’école-acteurs du 24 novembre 2017.
La session de cette école-acteurs a réuni 37 participants (cf. Annexe 1 pour une présentation des écoles-acteurs). La session a été consacrée au thème « comment se passer du glyphosate ». Ce thème a permis de réfléchir à la Co-conception. Le choix du thème a été inspiré par les débats à la commission européenne sur les délais d’interdiction de l’utilisation du glyphosate. Quel que soit le délai (3 ou 5 ans), le glyphosate sera interdit. Il semblait intéressant d’initier une réflexion dès à présent, en prenant l’interdiction comme un fait pour préparer un programme de travail.
Les objectifs de la session étaient les suivants :
- Illustrer la démarche de Co-conception à partir d’un exemple d’actualité.
- Organiser un brainstorming dont les résultats pourraient être repris dans la suite des actions, en particulier dans la deuxième phase de RIVAGE.
Les différents temps de l’école-acteurs ont respecté une démarche de programmation scientifique :
- analyse du problème (utilisation actuelle du glyphosate ; conséquences prévisibles de l’interdiction) ;
- analyse des solutions potentielles ; programmation.
Une introduction à la session a présenté l’ordre du jour et la notion de Co-conception. Un exposé a posé la question des raisons pouvant conduire à l’interdiction d’un pesticide. Trois courtes interventions ont introduit le débat sur l’utilisation du glyphosate dans les différents systèmes. Le débat a ensuite abordé les impacts qu’aura l’interdiction, et les solutions potentielles. Des activités en atelier ont permis de définir une feuille de route qui a été élaborée lors de la restitution des travaux de groupe et du débat général qui l’a suivi.
A l’issue de la session, les débats et l’évaluation ont permis de lister les enseignements suivants. Les enseignements ont concerné d’abord le glyphosate :
- Le glyphosate est utilisé dans la plupart des systèmes de culture. Le glyphosate est utilisé tant dans la préparation des plantations (destruction des bananiers, dessouchage) que dans l’entretien des parcelles (contrôle de l’enherbement) et des bords de parcelle. Le glyphosate est aussi utilisé dans les techniques de plantes de service (bracharia sp. Destruction du couvert avant plantation des VP)
- Le glyphosate permet un gain de temps très important, à un coût faible. Son interdiction aura un impact très important. Elle augmentera le temps et la pénibilité du travail et les couts de productions (par exemple, carburant des débroussailleuses).
- De nombreuses solutions sont listées. Elles vont de la substitution par des herbicides naturels (mais très chers) au travail du sol en passant par l’utilisation de mulch papier ou plastique (attention à la pollution), le développement de l’élevage ou une réorganisation de l’espace (bandes fleuries ; pérennisation des plantations de banane…).
- Ces solutions ne sont pas répertoriées ni suffisamment référencées. Il y a nécessité de synthèse et de mise à disposition via le système d’information (SI). Faire un livre blanc du glyphosate serait un bon exercice de synthèse.
- Il n’y a pas de solution unique et miracle. Suivant les sols, les climats, la pente, la pluviométrie… telle ou telle solution sera plus ou moins adaptée… Il y a nécessité de lister les solutions potentielles, d’analyser les contraintes et exigences (inventaires) et les tester en réalisant un suivi-évaluation détaillé dans des réseaux d’expérimentation et de partage entre agriculteurs (un agriculteur écoute mieux un autre agriculteur) tel DEPHY, réseau canne ou réseaux du projet RIVAGE. L’objectif sera de mettre au point les itinéraires techniques et de garantir leur maitrise par les agriculteurs
- L’interdiction du glyphosate va augmenter les couts de production. Il y a nécessité de reconnaitre les efforts des agriculteurs en valorisant économiquement la production « sans pesticides », soit grâce au mécanisme MAE, soit avec des labels (mais il y en déjà trop) ou une vente directe certifiée. La valorisation peut aussi consister en une communication adaptée.
Cela pose la question de l’identification des attentes des consommateurs.
Les discussions et les propositions ont aussi porté sur le dispositif pour accompagner les nécessaires innovations
- L’expérience des écoles-acteurs doit se rapprocher des agriculteurs. Penser à exporter le concept dans d’autres îles des Caraïbes.
- Les actions de formation doivent être systématisés et densifiées pour l’ensemble des acteurs.
- L’information disponible doit être inventoriée, référencée et mise à disposition. En ce sens le SI doit être d’abord un système d’échange.
- Les activités doivent être pensées de manière plus globale, systémique, en abordant l’ensemble des aspects. Cela impose un effort de planification en portant la réflexion au niveau de la région et des institutions.
- La phase 2 de Rivage doit être l’occasion de mettre en oeuvre ces actions.