Quelles perspectives pour l’agriculture guadeloupéenne ?

Cette question à été débattue lors de l’école-acteurs du 18 septembre 2019.

La session a réuni 43 présents. Elle a été consacrée au thème « Quelles perspectives pour l’agriculture guadeloupéenne ?». Le choix du thème s’inscrit dans la volonté d’ouvrir les réflexions de l’école-acteurs vers des thèmes liés aux évolutions des systèmes de production, évolutions portées par de profondes évolutions de l‘agriculture et de son environnement.

L’école-acteurs a été organisée en quatre temps :

  • Trois présentations dressant un panorama de l’agriculture guadeloupéenne et rappelant les grands enjeux de l’agriculture guadeloupéenne, en insistant sur un état de lieux des deux principales filières que sont la canne et la banane ;
  • Des posters commentés sur différentes expériences actuelles en Guadeloupe ;
  • Des groupes de travail / Brainstorming pour traiter différentes questions associées (actions à privilégier, actions existantes à soutenir, et rôle du projet « Rivage ») ;
  • Une synthèse.

À l’issue de la session, les débats et l’évaluation ont permis de relever les points suivants :

Un constat

Dans un contexte de changement, l’agriculture guadeloupéenne ne semble pas répondre aux attentes de la population, du fait de nombreuses menaces et difficultés qui pèsent sur l’agriculture. De nouveaux besoins émergent. Un sentiment général se fait jour : il faut travailler la diversification des systèmes de production et l’ancrage territorial.

Les menaces et difficultés des principales filières :

  • Canne : Pression foncière, dépendances aux aides, appui technique faible, risque sanitaires (rouille orangée) et climatiques, concurrence internationale
  • Banane : Risque sanitaires (cercosporiose, fusariose) et climatique, concurrence internationale
  • Fruits et légumes – Élevage : Risque sanitaires et climatiques, manque de visibilité, de soutien et d’aide, concurrence internationale

L’agriculture guadeloupéenne se voit confrontée aux questions suivantes :

  • Comment consolider les filières en difficultés ?
  • Comment les adapter pour répondre aux nouveaux besoins ?
  • Comment mieux les intégrer au sein du territoire ?

L’agriculture guadeloupéenne est principalement organisée en deux filières principales (canne & banane) basées sur l’exportation, dépendantes des aides publiques. La plupart de ces aides sont affectées à ces filières.

Les pressions que subit l’agriculture guadeloupéenne sont nombreuses (illustration n°1). Citons entre autres :

  • la pression foncière
  • La pression sociétale : demandant moins de traitements phytosanitaires et une meilleure gestion des ressources pour répondre aux attentes de consommateurs toujours plus exigeants

Illustration 1 : les principales pressions sur l’agriculture Guadeloupéenne

Des éléments de réponse

L’agriculture n’est pas que production. Elle est composée de nombreuses composantes sur lesquelles pèsent diverses pressions. L’agriculture guadeloupéenne reste dynamique et offre des opportunités de développement notamment à travers l’agroécologie, l’agriculture biologique, la diversification des produits, l’agroforesterie, etc. Les initiatives locales sont nombreuses. 7 ont été présentées durant la session. Ce sont des initiatives largement centrées sur l’observation et les échanges d’informations :

  • L’Observatoire OPALE renseigne sur la qualité des eaux de surface et souterraines en s’intéressant aux pollutions liées aux pratiques agricoles.
  • L’office de l’eau (OE971) réalise un état des lieux des milieux aquatiques et inventorie les pressions potentielles qui les impactent.
  • Un Diagnostic du système alimentaire de la Guadeloupe (DIAG’Alim) a pour objectif de stimuler une réflexion collective autour des enjeux du système alimentaire guadeloupéen et de permettre une mise en action coordonnée des acteurs des territoires.
  • Le Projet d’Accompagnement et de Valorisation des Expérimentations endogènes Collaboratives (AVEC) valorise les innovations réalisées par des producteurs-expérimentateurs grâce à un réseau dynamique renforcé par des techniciens formés.
  • Le Réseau d’Innovation et de Transfert Agricole (RITA) recherche et diffuse des pratiques agroécologiques répondant localement aux besoins des agriculteurs à travers la mobilisation collective de l’ensemble des structures agricoles du territoire.
  • Le programme Jardins Familiaux (JAFA) informe et accompagne la population vers de nouveaux comportements (alimentaires et culturaux) pour réduire leur exposition à la chlordécone liée aux denrées issues de leurs jardins pollués et des circuits informels.
  • Bouquet du Territoire Sud Guadeloupe (BTSG) contribue au développement agricole local a travers la promotion de l’agroécologie pour une agriculture durable.

Des pistes de travail

La discussion a permis de lister un certain nombre de pistes de travail.

D’abord c’est un travail intellectuel d’analyse de la réalité de l’agriculture guadeloupéenne qui est à réaliser. Une vision du futur de l’agriculture en fonction d’objectifs sociétaux doit être Co-construit en garantissant la participation de l’ensemble des acteurs, y compris les agriculteurs peu visibles, hors filières canne, banane ou autres. La diversification apparaît comme une entrée nécessaire pour consolider la plupart des exploitations agricoles. Encore faut-il définir ce qu’est la « diversification » et la penser comme un outil de prise en compte de l’ensemble des productions avec leurs spécificités.

Une fois ce travail fait, les dispositifs d’aide doivent prendre en compte l’ensemble des activités, diversifiées des exploitations agricoles. Cela signifie :

  • Établir une stratégie territoriale à l’échelle de l’île et construire ensemble l’avenir de notre agriculture à travers une vision partagée et des objectifs clairement définis et affichés.
  • Adapter les dispositifs administratifs français & européens ainsi que les aides au contexte local particulier
  • Revoir le système actuel appuyant des cultures d’exportation et se tourner vers une agriculture répondant mieux aux besoins des populations locales, de manière durable et résiliente.
  • Développer la structuration collective en appuyant les OP existantes et trouver des solutions pour les producteurs qui n’en font pas partie afin de faciliter l’entraide, la commercialisation et donner plus de poids aux exploitations diversifiées.
  • Développer un réseau de techniciens pour l’accompagnement des producteurs, dans toutes les cultures et élevages
  • Mieux inclure les agriculteurs dans les projets de recherches et transférer les résultats vulgarisés pour favoriser l’accès à l’information scientifique
  • Définir des interlocuteurs entre institutions et agriculteurs pour aider les agriculteurs dans leurs démarches, et pour mieux

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