La « guerre de la banane »

Depuis des années, nous assistons à ce qui s’apparente à une « guerre de la banane » entre l’Union Européenne et l’Amérique centrale soutenue par les Etats Unis.

Avant la mise en place du marché unique européen, l’approvisionnement en bananes faisait l’objet d’une gestion nationale ce qui permettait à des pays comme la France de privilégier certaines zones de productions telles que les Antilles. Les autres pays, sans attaches particulières, s’approvisionnaient en bananes « dollars » importées sans frais de douane par sociétés américaines.

C’est en 1993, avec la création de l’organisation Commune du Marché Bananier (OCMB) puis en 1994 avec la création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), que débutent les tensions entre les Etats Unis et l’Union Européenne.

Dans le cadre de la mise en place du marché unique européen, l’OCMB instaure des quotas d’importation et un régime d’aides compensatoires destiné à assurer un revenu minimum aux producteurs européens et de la zone Afrique Caraïbes Pacifique (ACP). Mais les multinationales américaines et les principaux importateurs de bananes « dollars » font pression. A sa création, l’OMC dénonce le système de l’OCMB qui sera modifié une première fois sous la pression des producteurs de « bananes dollars » conjointement à une diminution des droits de douane pour ces pays. En 2006, les quotas d’importation sont abandonnés au profit d’un système uniquement tarifaire avec des clauses particulières pour les pays ACP qui bénéficient de l’absence de droit de douane pour un quota donné.

L’Union Européenne impose cependant un quota de production pour prétendre aux aides européenne. Depuis 2007, et suite à des événements météorologiques impactant la production, ce quota est fixé à 77 000 tonnes de bananes pour la Guadeloupe (contre 241 000 tonnes en Martinique). Toute tonne de banane supplémentaire n’est pas subventionnée par l’UE. Mais aujourd’hui, les producteurs se disent en mesure de produire plus et depuis 2016, ils réclament l’augmentation de ce quota à 100 000 tonnes avec le projet « cap 100 000 tonnes de bananes » mis en place sur 2016-2020.

L’Association des Producteurs de Bananes Européens (APEB) redoute aujourd’hui de nouvelles baisses des tarifs douaniers pour les pays d’Amérique centrale qui ont déjà bénéficiés d’une réduction de 57% (soit 101€ par tonne) entre 2009 et 2019.

L’APEB continue également de dénoncer une concurrence déloyale croissante en raison des normes sociales, sanitaires et phytosanitaires qui sont en place dans les pays européens mais sont bien plus laxistes chez les pays concurrents dont nous continuons d’importer les produits

Pour aller plus loin :

Guadeloupe 1ère 2019. Banane de Guadeloupe : le ministre de l’Agriculture soutient une demande de hausse de quotas européens. O.-m. 1ère. https://la1ere.francetvinfo.fr/banane-guadeloupe-ministre-agriculture-soutient-demande-hausse-quotas-europeens-687716.html

Lassois L., Busogoro J.P., Jijakli H. 2009. La banane : de son origine à sa commercialisation. Biotechnologie, Agronomie, Société et Environnement13 (4) : 575-586‑586.

Maillard J.-C. 2002. Le commerce international de la banane : marché, filière, système. Les Cahiers d’Outre-Mer. Revue de géographie de Bordeaux55 (220) : 371‑392. doi: 10.4000/com.942.

RCI 2019. Les producteurs européens de la banane inquiets. RCI. https://www.rci.fm/infos/economie/les-producteurs-europeens-de-la-banane-inquiets

Reporterre 2019. La face cachée de la guerre de la banane bio. Reporterre Quotid. Lécologie.. https://reporterre.net/La-face-cachee-de-la-guerre-de-la-banane-bio

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